Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Les Canailloux
  • : C'est la vie et les histoires du canif et du fihuahua.
  • Contact

Recherche

J'aime Ces Blogs !

15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 11:00

Aujourd'hui, je souhaiterais vous faire partager un poème très connu de mon poète préféré : Arthur Rimbaud.

Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi je l'aime bien, mais il me touche à chaque lecture. A vous de voir ce qu'il vous fait ressentir...


 Ophelie_Millais_1851-1852.jpg

      Ophélie  Millais  1883

 

Ophélie

 

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

 

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits ;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits ;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !

 

Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

 

Recueil de Douai, 1870

Arthur Rimbaud
(1854-1891) 

 

 

Fihuahua

 

Partager cet article
Repost0

commentaires