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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 14:00

Chapitre 6 : Vive les copains !

 

« Maman ! Je suis rentré ! »

Je n'obtins aucune réponse.

« Maman ? ai-je répété. Tu es là ? »

Visiblement, non. En enlevant mes chaussures, je vis que, sur le mot que j'avais laissé à ma mère avant d'aller chez Tom, il y avait une réponse. Je pris le papier et le lus :

"D'accord mon grand.

Je vais faire un tour. Je pense rentrer avant 20h. Si tu as trop faim avant que Papa ne rentre, il y a du jambon blanc dans le frigo. Tu peux te faire un sandwich avec du pain de mie.

Bisous à ce soir.

 

Maman"

 

Super. Je rentre à l'heure, pour ma mère, qui n'est même pas à la maison. Si j'avais su, je serai resté chez Tom. Ça me faisait du bien de parler avec lui, même si on parlait de n'importe quoi. Mais bon, tant pis. Au moins, je ne verrai pas ma mère, avachie sur le canapé, en train de regarder la télévision avec un air déconfit.

 

Bon, mon père ne devant pas rentrer avant 19h30, j'avais le temps de faire mes devoirs.


En effet, mon père rentra à 19h35. Il me demanda où était ma mère et je lui répondis qu'elle était allée faire un tour et qu'elle ne tarderait sans doute pas à revenir. Mon père n'étant pas doué en cuisine, nous commandâmes chez un traiteur chinois.

Ma mère rentra vers 19h45. Elle semblait en meilleure forme que la veille, mais malgré tous les efforts qu'elle employait pour paraître détendue, je vis bien qu'elle était encore triste, mais qu'elle ne voulait pas le montrer.

Le dîner se fit dans le calme et la tension intérieure que chacun essayait de cacher aux autres. Cette atmosphère était tellement insupportable que je m'empressai de sortir de table à la fin du repas.

 

Allongé sur mon lit, les yeux au plafond, je respirais enfin ce sentiment de sérénité que j'avais recherché inconsciemment durant cette journée qui m'avait parue durer des jours et des jours. Ainsi, sans m'en rendre compte je m'endormis, l'esprit serein.

 

Le lendemain, je me levai à 8h, n'allant pas à l'école (c'était mercredi). Cette journée fut abominable. Tout d'abord, lorsque je me rendis dans la cuisine, je vis, posé sur la table, un mot de mon père me disant qu'il rentrerait tard ce soir (vers 22h), à cause d'un problème au bureau. Ensuite, ma mère n'était pas levée, je crois que ce fut ce qui m'étonna le moins. Elle se leva à 11h30, alors que j'étais sorti acheter du pain et du vinaigre pour faire une salade pour le midi. Quand je fus de retour et que je la vis dans la cuisine, devant son bol de café, je fus au bord du désespoir. Malgré tout, je lui dit bonjour et que j'allais me préparer à manger, parce que j'avais faim. A midi, je mangeai seul et à 14h, après avoir téléphoné à Tom, je descendis au parc, en bas de chez moi, où nous nous étions donné rendez-vous, quelques minutes plus tôt. J'y passais tout l'après-midi. Nous parlâmes de tous nos malheurs et nous jouâmes un peu avec des petits de six ans qui semblaient très contents que des "grands" s'amusent autant avec eux. Il fallait dire, qu'en ce moment, nous n'avions pas toujours l'occasion de rigoler. Je rentrai à 19h, pour me faire à manger, me doutant bien que ma mère ne s'en était pas occupée. Évidemment, j'avais raison. Quand je lui ai demandé si elle voulait manger quelque chose, elle me dit qu'elle se ferait un sandwich au jambon un peu plus tard, quand son film serait terminé. Je mangeai donc seul, comme le midi. Je ne tardais pas à m'enfermer dans ma chambre, après avoir dit bonne nuit à ma mère. Je me préparais à dormir et pris un livre, qui ne me passionnait pas vraiment. Lorsque, à 22h15, mon père passa la tête dans l'embrasure de la porte, je fis semblant de dormir et finis par m'endormir vraiment.


Le lendemain, le réveil me fit sursauter à 7h. Pourquoi donc la nuit était-elle si courte ?

Je me levai péniblement et enfilai mes vêtements. Puis, doucement, essayant de ne pas réveiller ma mère qui devait encore dormir, je sortis de ma chambre. Arrivant dans l'entrée, je levai les yeux vers la pendule : 7h15. Mon père devait déjà être parti au travail. En ce moment, je vivais plus seul qu'avec mes parents. Le matin, ma mère dormait, mon père était parti travailler et le soir, mon père rentrait vers 19h30/20h selon les jours tandis que ma mère était là (la plupart du temps) mais ne montrait aucun signe de vie, si ce n'est qu'elle restait assise (enfin, avachie) sur le canapé du salon, à regarder la télévision. Bref, la vie n'était pas très familiale en ce moment.

Je me dirigeai vers la cuisine, pris les céréales dans le placard et, plongé dans mes réflexions, pris mon petit-déjeuner.

 

Dans le bus qui m'emmenait à l'école, je rencontrai Tom, avec la même expression que moi épinglée au visage. Je m'assis sur le siège à côté de lui en lui disant mollement :

« Hey... Ça va ? 

- Ah, a-t-il dit en se retournant vers moi, salut Léo. Bof. Et toi ?

- Bof aussi, lui répondis-je. Mais je m'en doutais, en même temps, tu fais la même tête que moi ! »

Il me sourit, ce qui, apparemment, lui demandait un effort surhumain. Nous continuâmes le trajet en bus en parlant de nos problèmes familiaux respectifs. Comme moi, il vivait plus seul qu'avec ses parents, à la différence près que lui devait  s'occuper de sa petite soeur lorsque son père n'était pas là, et que sa mère préférait "sortir faire un tour" plutôt que de rester assise devant la télévision, à cause de Bertille. Mais le problème restait le même.

Nous arrivâmes devant l'école en même temps que Juliette et Caroline, qui, habitant dans le même immeuble, venaient ensemble tous les matins. Elles riaient de bon coeur, alors que nous devions faire des têtes déplorables car elles s'arrêtèrent en nous voyant, se regardèrent, puis Caroline nous dit d'un ton un peu moqueur :

« Euh, ça va les garçons ? Vous avez mal dormi ou quoi ?

- Non, pas si mal, répondit Tom. Pourquoi ? On est aussi horribles que ça ?

- Non, ce n'est pas ça, dit Juliette, c'est juste que vous avez d'énormes cernes et qu'on dirait que vous avez fait une nuit blanche, surtout toi, Tom. »

Tom me regarda, et presque terrifié, il me demanda :

« A ce point là ?

- C'est vrai que tu n'as pas l'air très frais, lui répondis-je. Mais de là à dire que tu as fait une nuit blanche, peut-être pas. »

 

Nous entrâmes dans l'école où nous retrouvâmes Baptiste et Antoine, adossés au mur de la classe, en train de parler. Quand ils nous virent arriver, tous les quatre, ils se retournèrent vers nous et Baptiste dit :

« Salut ! puis, regardant Tom : oula ! Ça va Tom ? Tu as une de ces têtes !

- Oui, je sais, répondit Tom, quelque peu énervé, on dirait que j'ai passé une nuit blanche, Caroline me l'a déjà fait remarquer. Et à part ça, oui, ça va très bien.

- Calme-toi, Tom, répliqua Baptiste, je disais ça pour rigoler, ne le prend pas mal !

- Oui, pardon, s'excusa Tom. Je suis désolé. Tu as raison, je suis énervé, mais ça va, ne t'en fais pas.

- Et toi, Léo, me demanda Juliette, ça va mieux depuis mardi ? 

- Hein ? dis-je, piqué au vif. Euh, oui, un peu, merci. C'était super sympa de votre part de m'aider comme ça.

- C'est normal, me répondit Antoine en me donnant une tape amicale sur l'épaule. C'est à ça que ça sert, les copains ! 

- Ah oui, tiens, à propos, renchérit Caroline, Tom, pourquoi tu es parti en plein milieu de l'après-midi, avant-hier ? »

Je sentis la panique monter dans le ventre de Tom, et, heureusement pour lui, il fut dispensé de répondre à Caroline, grâce à la sonnerie qui retentit. Nous nous rangeâmes et Tom fit bien attention à se placer loin des autres. Comme j'étais rangé avec lui, je lui dis dans un murmure :

« Tu sais, tu peux leur dire, aux autres, que ton grand-père est mort, ils comprendront et, crois-moi, tu te sentiras libéré d'un poids énorme !

- Je sais, répondit-il, désemparé, mais...

- Tu n'as pas envie de leur dire, ne t'en fais pas, je comprends très bien. Tu fais comme tu veux, je ne te dénoncerai pas. Promis. Mais réfléchis bien.

- Allez, cria Mme. Dolfe, on se tait et on entre en classe calmement ! »

 

Toute la matinée, je regardai Tom du coin de l'oeil, et je comprenais de mieux en mieux ce qu'avaient ressentis mes copains lorsqu'ils m'avaient vu, mardi. Tom n'écoutait pas les leçons et ne savait jamais répondre lorsque le maîtresse lui posait des questions, ce qui, au bout d'un certain temps, lui valut quelques lignes à copier pour le lendemain. Je voyais, du coin de l'oeil, la mine déconfite de mon copain, la tête appuyée contre son poing gauche. Plus la maîtresse lui faisait des reproches, plus il paraissait indifférent. Je ne pouvais que le comprendre, vivant la même chose, mais s'il ne faisait pas un effort pour être attentif, il ne tarderait pas à finir, dans le bureau du Directeur ! Et cela ne ferait que l'enfoncer davantage. Je savais que Mme. Dolfe n'hésiterait pas à l'envoyer chez M. Lepiquet, d'autant plus qu'elle ne connaissait pas la cause de l'inattention de Tom. A vrai dire, personne ne la connaissaità part moi.

Enfin, la cloche sonna et nous sortîmes dans la cour pour la récréation de 10h. Évidemment, tous mes copains se précipitèrent autour de Tom.

« Mais qu'est-ce-qui se passe, Tom  ? s'écria Antoine. Tu veux te retrouver chez le directeur ou quoi ?

- Qu'est-ce-qu'il y a mon vieux ? demanda Baptiste. Si tu as un problème, tu peux nous en parler, ne t'en fais pas, on reste discrets.

- Bon, d'accord, vous avez gagné, marmonna Tom en se laissant tomber sur un banc. Je vais tout vous raconter. »

Un silence de plomb se fit dans le groupe. Baptiste s'assit à la gauche de Tom, et moi, décalé, à sa droite. Tom raconta :

« Tout a commencé mardi après-midi, quand M. Lepiquet m'a dit de venir avec lui dans son bureau. J'y suis allé, et j'avais beau réfléchir, je ne comprenais pas ce qu'il avait à me reprocher. Alors, il m'a dit, d'un ton glacial que mon grand-père était mort le matin même d'un arrêt cardiaque. J'ai pleuré, je suis revenu en classe chercher mes affaires et je suis rentré chez moi. Quand je suis arrivé, c'est mon père qui a ouvert et j'ai vu... j'ai vu ma mère en train de pleurer sur le canapé du salon. 

Voilà, vous savez tout. C'est pour ça que je suis comme ça depuis ce matin. Que j'ai une tête à avoir passé une nuit blanche ou que je n'écoute rien en classe. »

Tom se tut et le silence persista encore quelques instants. Puis Caroline dit :

« Je suis vraiment désolée, Tom, je ne savais pas quand je t'ai posé la question ce matin.

- Non, non, ce n'est pas grave, répondit Tom, un petit sourire triste au coin de la bouche. Tu ne pouvais pas deviner.

- En fait, dit Juliette, tu vis exactement la même chose que Léo. »

J'ai regardé Tom, puis Juliette et j'ai dit :

« Oui, c'est ça. Exactement la même chose, exactement les mêmes problèmes.

- Mais pourquoi vous n'en parlez pas à la maîtresse ? demanda Antoine. Elle comprendra sûrement.

- Ah non ! m'écriai-je. Pas question que je lui parle de mes problèmes de famille ! Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul ! Après, elle va en parler à ses collègues, et puis, au directeur, qui voudra voir mes parents, alors non. Tu fais comme tu veux Tom, mais moi, je n'ai pas envie.

- Ben, moi, répondit Tom, le directeur est déjà au courant, alors ça ne servirait à rien d'avertir la maîtresse.

- Ouai, bon, c'était une idée comme ça, marmonna Antoine, sur la défensive.

- En tous cas, si on peut faire quelque chose pour vous, dit Baptiste, dîtes, n'hésitez pas.

- Oui, bien sûr, ajouta Juliette.

- Merci beaucoup ! Vous êtes super sympas ! leur dis-je. Mais bon, ça va passer. C'est juste un malheur passagé. Pas vrai Tom ?

- Oui, c'est sûr. Enfin j'espère... »

La cloche sonna, annonçant la fin de la récréation.

Le reste de la matinée, fut beaucoup plus gai. Tom m'esquissait même quelques sourires de temps à autres. Il fut bien plus attentif en classe et comme il avait beaucoup participé, la maîtresse lui leva sa punition, à la seule condition "qu'il se tienne à carreau" jusqu'à la fin de la journée. Parfois, je jetais de brefs regards à Baptiste, Antoine, Caroline et Juliette, mais seule Juliette me rendait mes sourires.

La sonnerie retentit et nous entendîmes les CP courir dans les escaliers pour aller manger.

Nous sortîmes à notre tour pour descendre à la cantine. Tom, avec un air déconfit, passa devant moi. Dans la queue pour prendre nos plateaux, voyant la tête de Tom, Antoine dit :

« Bon, allez, on ne va pas passer la journée à faire la tête, je sais que c'est dur pour vous, mais si vous y pensez tout le temps, vous allez être encore plus tristes !

- Oui, dit Tom en esquissant un sourire, tu as raison Antoine, c'est de ma faute. On va parler d'autre chose. Vous avez vu le match de foot à la télé, samedi soir ?

- Ce n'était pas Lille/Lens ? demanda Caroline.

- Si, répondit Baptiste. Tu suis le foot, toi ?

- Non, dit-elle, mais j'ai un grand frère qui, lui, oui, alors je n'ai pas vraiment le choix !

- Ah oui, d'accord, s'exclama Tom. Et tu regardes les matchs ?

- Ben oui, ce n'est pas si mal que ça en fait !

- C'était un super match ! s'écria Baptiste. En plus, j'étais pour Lille.

- Moi aussi, ajouta Juliette, et tu as vu quand Hazard a marqué le dernier but à la 89e minute ?

- Oui ! m'exclamai-je. Tu as vu, passe de Cabaye et super frappe, en pleine lucarne gauche ! Mais, tu regardes le foot, toi ? Ne me fais pas le coup du grand frère, tu n'as qu'une petite soeur !

- Oui, bon, d'accord, admit Juliette, sur la défensive. Mais c'est bien le foot ! »

Nous éclatâmes de rire ! Que Juliette regarde des matchs de football à la télévision, ça, ça m'a étonné ! Moi qui pensais que les filles détestaient tout ce qui avait un rapport avec un ballon et qu'elles ne pensaient qu'à la danse classique et aux Barbies, je m'étais trompé. Mais Juliette n'était que l'exception qui confirme la règle !

Nous passâmes tout le déjeuner à parler de football. Bien que Caroline n'apprécie pas beaucoup le sujet, elle finit par parler avec nous, voyant que Juliette était, elle aussi, captivée par le sujet. Pendant la fin de la récréation du midi, nous commençâmes un match de football contre les CM2A, que nous terminâmes à la récréation de 15h. Et finalement, lorsque la sonnerie retentit, à 16h30, j'attrapai ma veste, accrochée au clou et je sortis de l'école avec tous mes copains. Après avoir fait un signe de la main à Baptiste et Antoine, qui partaient dans la direction opposée, je partis avec Tom, qui faisait le même trajet que moi, à 15 minutes près de bus, Caroline et Juliette, qui commençaient le chemin avec nous, jusqu'à l'arrêt de bus où elles bifurquaient dans la rue adjacente. Nous parlâmes longtemps du match de football que nous avions gagné à la dernière récréation. Caroline n'avait pas joué, mais elle avait été notre arbitre. Alors que nous parlions du cinquième but que nous avions marqué (le dernier), je vis le bus tourner dans le long boulevard qui arrivait à l'arrêt où nous montions, Tom et moi. Je lui attrapai le bras gauche et lui dit, en désignant le véhicule :

« Tom, regarde, notre bus, dépêche-toi, on va le rater !

- Oh, oui, s'écria Tom, mince, vite !

- Bon, bah, à demain, alors, dit Caroline, en nous faisant un geste de la main.

- A demain les filles, leur dis-je.

- Bon courage, nous dit Juliette.

- Pourquoi "bon courage" ? m'étonnai-je.

- Ben, pour ta mère et ton grand-père.

- Ah oui ! me souvins-je. Merci ! »

Elle me sourit et Tom m'attrapa le poignet.

« Vite Léo, le bus arrive !

- Oui, j'arrive. A demain » dis-je à l'adresse de Juliette.

Elle me fit un bisou sur la joue droite et Tom me tira dans le bus, que nous avions rejoint. Lorsque les portes se fermèrent, je vis Juliette m'adresser un signe de la main, qui signifiait "Salut..."

 

 

 

A suivre...

 

Fihuahua 

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